Publié le vendredi 24 avril 2015 à 19h33 – Mis à jour le vendredi 24 avril 2015 à 20h24

INTERNATIONALSi les récents naufrages en Méditerranée ont suscité une vague d’empathie et relancé le débat sur la politique migratoire européenne, ils n’ont pas manqué d’alimenter les fantasmes parmi les aficionados des courants populistes et d’extrême droite. Sur les réseaux sociaux et les forums Internet, ceux-ci se déchaînent, répétant jusqu’à plus soif que l’Europe est la cible d’une invasion. Ces embarcations, affirment-ils, sont moins remplies de légitimes demandeurs d’asile, que de “Noirs” (sic) qui se ruent sur l’Europe afin de profiter des largesses de son système social. On vous passe par ailleurs les multiples dérapages racistes nauséeux qui accompagnent ces torrents de bile.S’il est exact qu’une part des personnes qui tentent cette traversée sont des migrants économiques poussés par la recherche d’une vie meilleure, il convient d’objectiver les chiffres et de remettre les choses en perspective.
Le tiercé : Syrie, Erythrée, Somalie
Selon les données officielles du bureau européen du Haut commissariat de l’Onu pour les réfugiés (HCR), 170 100 personnes sont arrivées en Italie l’an dernier. Un contingent impressionnant composé pour moitié de Syriens (42 323), d’Erythréens (34 329) et de Somaliens (5 756). Soit un total de 82 408 personnes. “Autant de ressortissants qui se voient accorder le statut de réfugié dans 90 à 100 % des cas”, souligne le porte-parole du HCR. Pour le solde, on retrouve un melting-pot de Maliens, Egyptiens, Pakistanais, Afghans, Irakiens, Libyens ou encore Ethiopiens. Même si le taux de personnes admissibles à la protection internationale est moins élevé dans ces cas de figure, il n’est pas inutile de rappeler qu’il ne fait pas toujours bon être homosexuel ou opposant politique dans ces pays – pour ne citer que ces exemples.A Malte, 568 personnes ont été recensées l’an dernier, parmi lesquelles 134 Syriens, 118 Somaliens et 38 Erythréens.En Grèce, le bilan 2014 s’est élevé à 26 366 Syriens; 1539 Somaliens et 699 Erythréns. Soit 28 604 personnes sur 43 916 arrivants. On peut également citer la présence de 11 391 Afghans.En ce qui concerne 2015, les données disponibles courent du 1er janvier au 31 mars. A cette date, le HCR a déjà comptabilisé 10 165 arrivées en Italie. Parmi celles-ci, on dénombre 1 107 Somaliens, 1 056 Syriens et 906 Erythréens. Un bon tiers du total, donc. On peut également noter un important contingent de Maliens – un pays où les tensions demeurent dans le nord aux mains de groupes armés autonomistes –, mais aussi de Gambiens et de Sénégalais. De son côté, la Grèce a déjà enregistré 12 481 arrivées. Soit 7 286 Syriens, 435 Somaliens et 115 Erythréens, auxquels s’ajoutent notamment 2 352 Afghans. Malte n’a jusqu’ici reçu la visite que de 89 exilés, essentiellement d’origine africaine.
Enfin, on peut encore souligner que bon nombre de femmes et d’enfants – parfois des nourrissons – se lancent dans cette dangereuse aventure. Et rappeler, tant qu’à faire, que la couleur de peau ne constitue pas un critère dans l’attribution du droit d’asile.