2 juillet 2012 à 20:37
Des opposants syriens tentaient lundi au Caire, sous l’égide de la Ligue arabe, d’élaborer une vision commune de l’après-Assad, après avoir rejeté une feuille de route internationale prévoyant un gouvernement de transition malgré la poursuite des violences.
Cette réunion, qui doit se dérouler sur deux jours, « est une opportunité qu’il ne faut perdre en aucun cas », a déclaré à son ouverture le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, en appelant l’opposition à s’unir.
En plus de 15 mois de révolte, la répression puis, depuis quelques mois, les combats entre l’armée de Bachar al-Assad et les rebelles ont fait plus de 16.500 morts, en majorité des civils, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
« Le temps ne joue pas en notre faveur », a ajouté M. al-Arabi, en soulignant la nécessité d’un « système démocratique pluraliste qui ne fasse pas de discrimination » entre Syriens.
Nasser al-Qidwa, adjoint du médiateur international Kofi Annan, a également appelé l’opposition à s’unir. « Ce n’est pas un choix, mais une nécessité si l’opposition veut gagner la confiance de son peuple », a-t-il dit.
Les ministres des Affaires étrangères égyptien, turc, irakien et koweïtien étaient également présents.
L’objectif est de « parvenir à une vision unifiée concernant la période de transition et l’avenir de la Syrie », avait indiqué à l’AFP Georges Sabra, porte-parole du Conseil national syrien (CNS). Cette formation, la principale coalition de l’opposition, participe à la réunion.
En revanche, les rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL), force armée d’opposition principalement composée de soldats déserteurs, ont boycotté la rencontre qualifiée de « complot », rejetant toute négociation avec le régime, selon un communiqué signé de l’ASL et de militants « indépendants ».
Ils reprochent aux participants de « refuser l’idée d’une intervention militaire étrangère pour sauver le peuple » et « d’ignorer la question des zones tampons protégées par la communauté internationale, des corridors humanitaires, de l’embargo aérien et de l’armement des rebelles ».
La réunion intervient alors que les violences se poursuivent en Syrie et que le président Bachar al-Assad a ratifié lundi trois lois prévoyant de lourdes peines pour les responsables d’actes « terroristes » visant à changer la nature du régime.
manque de moyens médicaux
Selon des militants, l’armée syrienne a continué lundi de bombarder des quartiers rebelles de Homs (centre), où des médecins sont forcés d’amputer des blessés en raison du manque criant de moyens médicaux.
Selon l’OSDH, plus d’un millier de familles sont bloquées et manquent de tout dans certains quartiers de la ville, où le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et le Croissant-rouge syrien ne parviennent pas à se rendre.
Dans la journée de lundi, les violences ont fait au moins 30 morts, dont cinq rebelles, dans plusieurs provinces de Syrien, a annoncé l’OSDH dans l’après-midi.
A la frontière avec le Liban, deux policiers syriens ont été blessés lundi par une roquette tirée à partir du territoire libanais, selon un communiqué de la Sûreté générale libanaise. C’est la première fois que le Liban fait état de tirs contre le territoire syrien à partir du Liban.
Samedi à Genève, le Groupe d’action sur la Syrie, réunissant les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (Etats-Unis, Chine, Russie, France et Grande-Bretagne) mais aussi la Turquie et des pays représentant la Ligue arabe, a trouvé un accord sur les principes d’une transition en Syrie.
L’accord prévoit un gouvernement de transition politique qui pourra inclure des membres du gouvernement actuel et de l’opposition, et doit être formé sur la base d’un consentement mutuel.
Les autorités syriennes n’ont pas officiellement réagi à l’accord, qualifié d’échec dans la presse officielle car « pas basé sur l’avis du peuple syrien ».
L’opposition, en particulier le CNS, a dénoncé le fait que l’accord ne prévoie « pas de mécanisme de travail clair ni de calendrier, laissant le régime impuni », et réclamé à nouveau « le départ de Bachar al-Assad et de sa clique ».
Les membres du Groupe d’action eux-mêmes ont divergé sur l’interprétation de l’accord, les Etats-Unis estimant qu’il ouvrait la voie à l’ère « post-Assad » tandis que la Russie et la Chine, alliés du président Assad, réaffirmaient qu’il revenait aux Syriens de choisir leur avenir.
Le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, a appelé lundi la communauté internationale à s’entendre sans délai pour mettre en oeuvre une solution politique en Syrie, en réaffirmant qu’une intervention militaire de l’Alliance n’était pas envisagée.
Chypre, qui assure la présidence tournante de l’Union européenne, s’est dite « inquiète » de la façon dont la Turquie gérait la crise, évoquant « une certaine instrumentalisation », tout en affirmant que Nicosie travaillerait « avec toutes les parties afin de promouvoir une transition vers la démocratie en Syrie ».
Le Conseil des ministres saoudien a pour sa part réclamé des mesures « décisives » pour mettre fin aux « massacres ».
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