Jamais le différentiel de traitement entre la Libye et la Syrie n’a sauté aux yeux comme ces derniers jours. Une partie de la communauté internationale, dont l’Europe et les Etats-Unis, s’était portée au secours de Benghazi en mars 2011, alors que la ville entrée en rébellion armée se voyait menacer de massacre par la soldatesque loyale à Mouammar Kadhafi. Le massacre avait été empêché par l’intervention énergique décisive des aviations alliées. En Syrie, Damas puis Alep se sont insurgées contre l’oppression d’un régime sans scrupules. L’armée de ce régime a contre-attaqué. Elle a vaincu, pour le moment, dans la capitale. Et Alep, sous les bombes et les mitraillages, risque le pire.
Les alliés en question, embarrassés, multiplient les condamnations… rhétoriques. Même les armes légères n’arrivent qu’au compte-gouttes, quand elles arrivent, jusqu’aux rebelles. Les témoignages abondent en ce sens.
Les insurgés ont pour eux une foi inébranlable en la justesse de leur cause et en face on peut parier que d’aucuns renâclent à tirer sur le peuple dont ils sont issus. Mais le combat reste très inégal : les unités d’élite loyales disposent de chars d’assaut, d’hélicoptères de combat et n’ont sans doute pas encore utilisé toute la puissance de feu de leur artillerie et de leur aviation (pour ne pas évoquer les armes chimiques).
L’ampleur de la répression, les bombardements, les tueries, ne trompent pas. Comme le dit le Belge Thomas Pierret, spécialiste de la Syrie, « le régime a été forcé de tomber le masque et de révéler sa vraie nature : il n’est ni un Etat ni un gouvernement mais une force d’occupation militaire dont la survie repose sur la seule force brute ».
Alors, que faire ? La communauté internationale va-t-elle continuer à faire preuve, comme le note avec rancœur le père Paolo, ce jésuite expulsé de Syrie il y a deux mois, d’« une irresponsabilité exemplaire dans cette guerre entre le régime et son peuple » ?
L’Occident, dont Israël, craint que les « djihadistes », certes présents en Syrie mais très minoritaires, ne tirent les marrons du feu et ne s’emparent d’armes qu’ils retourneraient ensuite contre lui. Sans doute. Mais laisser le peuple mourir sous les bombes et les balles ne constitue pas la meilleure réponse à ce danger.
Les perspectives d’« après-Assad » demeurent floues et inquiétantes, mais le devoir des démocraties, si elles chérissent encore des valeurs morales, est d’aider une population agressée par un régime sans foi ni loi
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