Israël se raidit face à la Palestine


DUMONT,SERGE; AFP

LeSoir du lundi 3 décembre

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Lundi 3 décembre 2012

Proche-Orient Sanctions vexatoires multiples pour laver l’« affront » ONU

TEL-AVIV

DE NOTRE CORRESPONDANT

Les dirigeants israéliens ne digèrent toujours pas le vote à l’ONU accordant le statut d’observateur à la Palestine. Après avoir annoncé la construction de 3.000 logements dans les « nouveaux quartiers » de Jérusalem-Est (la partie arabe de la ville) et dans la « Zone E1 » (vaste étendue de Cisjordanie séparant la ville sainte de l’implantation de Maaleh Adoumim), ils promettent une série d’autres sanctions destinées à gêner, voire paralyser le fonctionnement de l’Autorité palestinienne (AP).

Dimanche, le ministre des Finances Youval Steinitz (Likoud) a proclamé le gel provisoire du montant des droits de douanes et accises que l’Etat hébreu récolte au nom de l’AP, soit environ 85 millions d’euros/mois. Une somme a priori dérisoire pour un budget national, mais pas pour l’AP qui est au bord de la faillite et peine à payer le traitement de ses fonctionnaires. Selon Steinitz, ces sommes serviront à rembourser la dette palestinienne auprès de la compagnie nationale d’électricité israélienne.

Cette mesure a été annoncée au moment où Mahmoud Abbas était accueilli triomphalement à Ramallah par plusieurs milliers de sympathisants du Fatah, son parti, et ce n’est pas un hasard. Parmi les autres sanctions israéliennes actuellement à l’étude figure le retrait des laissez-passer VIP aux personnalités de l’AP, ainsi que l’annulation/report de réunions administratives organisées dans le cadre de négociations techniques ne portant pas sur le processus de paix.

En réalité, Israël n’a pas intérêt à ce que l’AP s’effondre car ce sont ses services, épaulés par ceux de l’Etat hébreu, qui empêchent la reprise des violences en Cisjordanie. Cependant, en pleine campagne pour les élections législatives anticipées du 22 janvier, le Premier ministre Binyamin Netanyahou et son ministre des Affaires étrangères Lieberman doivent absolument faire oublier le camouflet diplomatique qui leur a été infligé à l’ONU.

Dans le courant de la semaine écoulée, alors que la communauté internationale se tournait vers Ramallah en raison de l’exhumation des restes de Yasser Arafat (et, deux jours plus tard, de la préparation du vote de l’ONU sur le statut de la Palestine), plusieurs événements politiques importants se sont déroulés en Israël. D’abord, les primaires organisées au sein du Likoud, le parti de Netanyahou, qui a conclu une alliance électorale avec Israël notre Maison, parti de Lieberman.

La quasi-totalité des candidats placés en ordre éligible sur cette liste commune sont beaucoup plus à droite que par le passé. L’un d’entre eux, un colon du nom de Moshé Feiglin (Likoud), propose l’annexion de la Cisjordanie et la reconquête de la bande de Gaza. En 1995, le même avait publiquement fait part de son admiration pour… Adolf Hitler.

Pourtant, l’union sacrée entre les deux formations ne provoque pas le raz-de-marée escompté. Entre autres, parce que bon nombre d’Israéliens reprochent à Netanyahou de ne pas avoir mené à terme l’opération « Pilier de défense » (lancée il y a quinze jours contre le Hamas de Gaza) et d’avoir cédé aux pressions internationales en n’autorisant pas une invasion terrestre de l’enclave palestinienne. Pour regagner du terrain face aux petits partis d’extrême droite qui se sont unis pour dénoncer la « lâcheté » du gouvernement, le Likoud multiplie les sanctions contre l’AP.

Du côté de l’opposition, le parti travailliste a également organisé ses primaires jeudi dernier et renouvelé ses candidats, parmi lesquels trois des quatre meneurs de la révolte sociale de 2011. Mais le fait politique qui a marqué la semaine écoulée est sans conteste le retour de l’ex-ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni, qui présente une liste proposant la reprise immédiate et sans condition des négociations de paix avec les Palestiniens. Soutenue par l’ex-leader travailliste Amram Mitzna (colombe), elle est pour le moment la seule à mettre le sujet en tête de son programme.

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