mercredi 22 mai 2013
Vous que je n’ai connus que dans les espaces de la fraternité. Vous qui m’avez appris, comme on grandit, à décliner, en toutes langues, l’amitié.
Sur les bras d’une roue, sur les berges d’un fleuve, autour d’une sobbiah.
Malgré l’oubli du monde. Malgré ceux qui, prétendant vous défendre, parlent en votre nom pour annuler vos voix. Malgré les mille complicités signant, comme on s’échappe, la liste des délits pour ne pas vous sauver.
Prononcer vos prénoms
Parce qu’ils vous mettent, sans s’étouffer, au banc du monde. Parce que tous, agrippés à la laideur de leur posture, ne vous dessinent plus que comme un enjeu pour des joutes verbales évidées de tout sens.
Et quelques ventes d’armes… Et quelques pouvoirs supposés, lustrés, argumentés par des émissaires façonnés sur mesure.
Prononcer vos prénoms
Pour que vos visages demeurent. Et la trame de vos vies, le souffle de vos élans, cette chaleur, ce seul chemin. Et que la distance qui nous ronge s’égrène à nouveau dans les multiples et les possibles.
Prononcer vos prénoms
Comme un défi
Pour que des femmes et des hommes sages se lèvent
Pour que des femmes et des hommes sages fassent taire les fous
Et que vienne l’instant de liberté
Et que vienne le chant où la vie s’accomplit
Prononcer vos prénoms
Yasser Azzam Khaled Fayez Mustafa Abdallah Abdelkarim Faisal Mohamed
Et celles et ceux de mes silences…