La Flottille de la Liberté et les medias


Quel est la valeur d’un mot ? En fait, elle est énorme
Jamal Elshayyal

L’histoire de la Flottille de la liberté est l’une des plus grandes démonstrations de résistance civile internationale collective, à laquelle participent 50 nationalités et plus de 30 parlementaires ; pourtant, elle est ignorée par plusieurs grands réseaux d’information internationaux.

AFP

À un moment où les médias et la désinformation sont indubitablement aussi puissants que les armées, les résultats des batailles pour les coeurs et les esprits façonnent souvent le monde dans lequel nous vivons.

Ce n’est jamais plus vrai que dans le cas de la lutte des Palestiniens pour leur libération. En tant que journaliste, je me rends compte des nuances simples qui sont souvent employées et qui touchent finalement les vies de millions de personnes. Par exemple, une « guerre » peut être décrite comme un « conflit », ou des civils « tués » dans une attaque aérienne pourraient également être désignés comme des civils qui « sont morts » dans une attaque etc.

C’est mentir que de dire que les mots ne sont que des mots.

De Mark Regev à Press TV, alors que les conseillers en communication politique et les moyens de communication décident comment réagir et rendre compte de la Flottille de la liberté dans les prochains jours, il est important de contrôler leurs mots (ou leurs silences) sous toutes les coutures.

Pour commencer, il faut se demander pourquoi une nouvelle aussi importante n’est pas reprise par plusieurs grands réseaux d’information internationaux. Il va sans dire qu’une des plus grandes démonstrations de résistance civile internationale collective, à laquelle participent 50 nationalités et plus de 30 parlementaires, et qui coûte des millions de dollars est une nouvelle digne d’être mentionnée.

Cette flottille affecte directement les vies de 1,5 millions de Gazaouis qui vivent sous siège depuis plus de 3 ans ; en fait elle affecte également les vies de beaucoup d’Israéliens qui s’accrochent à une illusion à deux faces, celle d’une colonisation démocratique. Je suis époustouflé de voir que certaines agences de presse pensent que le lancement européen du Apple’s i-Pad mérite une place plus importante dans les nouvelles.

Quand on en vient aux médias arabes, c’est la même chose. En Égypte par exemple, on ne mentionne guère que si ce n’était pour la collaboration du Caire avec Israël, le siège de Gaza n’aurait jamais réussi, et cette flottille ne serait probablement pas nécessaire.

Au lieu de cela, les journaux et les interviews télévisées, caractérisent les organisateurs de la flottille d’hypocrites parce qu’ils refusent l’offre généreuse du gouvernement égyptien d’accoster à Alarish et d’aller de là à Gaza. Et l’Égypte n’est pas la seule ; même ceux qui dans le monde arabe ont félicité les passagers à bord de la flottille de leur tentative de briser le siège israélien inhumain et illégal de Gaza, ne se demandent pas pourquoi leurs gouvernements ne font pas davantage.

Pourquoi quelques centaines d’individus ont-ils pris l’initiative de soulager un peuple assiégé, dont les pays « frères », malgré toute leur richesse et leur puissance militaire, ne feront rien ?

Dans les prochains jours, lorsque les journalistes et les politiciens se demanderont quels mots employer (ou ne pas employer) n’oublions pas qu’au-delà des mots, il y a 1,5 millions de personnes qui restent assiégées.

Défaites l’écheveau de la désinformation et vous découvrirez qu’un territoire ravagé par 23 jours de bombardements israéliens reste dévasté. Lisez entre les lignes et vous verrez que cette flottille n’est rien de plus qu’une flamme d’espoir pour ceux qui n’ont guère plus que ça. De l’espoir. Juste un mot.
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