Une question simple et une réponse simple dans ce petit commentaire suscité par l’annonce, mardi, de la reconnaissance officielle de l’institut d’études supérieures d’Ariel (Cisjordanie occupé) comme université israélienne:
Israël veut-il la paix ?
Le titre officiel d’« université israélienne » décroché mardi par la colonie d’Ariel, au bon milieu de la Cisjordanie occupée, n’est qu’une énième conséquence en fait parfaitement logique d’une politique que tous les gouvernements d’Israël ont adoptée, peu ou prou, depuis la conquête du territoire en 1967. Une politique qui consiste à coloniser la Cisjordanie. Et, en miroir, qui consiste à empêcher l’avènement d’un Etat palestinien viable sur un territoire contigu.
L’implantation de citoyens israéliens juifs dans les territoires occupés est illégale aux yeux du droit international. Très peu de juristes au monde contestent cette évidence. Et certainement pas la Cour internationale de justice, plus haute juridiction de la planète à dire le droit international, qui a rendu un célèbre avis consultatif le 9 juillet 2004 qui confirmait le caractère illicite de la colonisation.
L’implantation de citoyens israéliens juifs dans les territoires occupés n’est d’ailleurs pas seulement illégale. Elle incarne aussi l’antithèse de la paix que tous les gouvernements israéliens depuis 1967 disent rechercher. Il est donc légitime de se demander si Israël veut la paix. Et cela d’autant plus que la colonisation n’a pas du tout diminué d’ampleur depuis que l’on parle de « processus de paix », loin de là, à savoir depuis la conférence de Madrid en 1991, puis les accords dits d’Oslo signés à Washington deux ans plus tard. Depuis lors, le nombre de colons a bien plus que doublé, dépassant désormais les 540.000 âmes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
On ne peut attendre de l’actuel gouvernement israélien présidé par Binyamin Netanyahou d’inverser la tendance, lui qu’on considère comme le plus nationaliste de l’histoire d’Israël. Et, en effet, si cet exécutif a bien pour objectif officiel d’arriver à une solution de deux États – Israël et Palestine – vivant côte à côte, son zèle en matière de colonisation dément sur le terrain cet objectif affiché.
Il a même désigné une commission de juristes pour rendre un avis sur la légalité (israélienne) des avant-postes dans les colonies juives (c’est-à-dire les colonies jusqu’ici non reconnues par Israël, il y en a…). Et cette commission vient de déposer ses conclusions : « Les colons ont le droit de s’installer partout en Cisjordanie et Israël n’est pas une puissance militaire occupante. » Une question vient à l’esprit : les Palestiniens existent-ils ?
BAUDOUIN LOOS
LE SOIR du mercredi 18 juillet 2012
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