L’après-Assad : c’est trop tôt mais qui n’y songe ?


BAUDOUIN LOOS

jeudi 19 juillet 2012, 07:01

Un attentat à la bombe à Damas, des morts, des blessés… et d’innombrables Syriens qui se réjouissent ! Le « succès » de l’opération menée mercredi contre le bâtiment de la Sécurité nationale a suscité une vague d’enthousiasme ahurissante. Une « amie » syrienne sur Facebook disait ceci, en français, dans le texte : « Je crois que de toute ma vie, c’est le seul attentat suicide qui a soulevé en moi autant d’espoir. »

Cet espoir s’explique par la symbolique de l’attaque, qui a frappé le sommet de l’appareil répressif du régime dictatorial, dont le mari de la sœur du « raïs » Bachar el-Assad, le sinistre Assef Chawkat.

Les signes abondent qui montrent un régime aux abois. Damas est désormais le théâtre de combats et même d’un attentat déstabilisateur, les désertions se multiplient, des pans du territoire échappent au contrôle du régime. Des défections de caciques ont aussi été signalées, comme celle du général Manaf Tlass, un proche de Bachar.

Il y a gros à parier sur l’effet galvanisant que l’attentat de Damas devrait produire sur les contestataires. Ceux-ci, rappelons-le, n’avaient pas l’intention de défier le régime les armes à la main. Si une petite minorité des contestataires s’est décidée à défendre leurs proches par tous les moyens, c’est en raison du jusqu’au-boutisme sanguinaire opté par le régime. Dans « l’archipel de la torture », comme l’a désigné Human Rights Watch, la peur a commencé à changer de camp.

On ne peut encore parler de l’après-Assad, mais tout le monde y songe très fort. Avec les craintes qu’il charrie. Dans l’Histoire, la plupart des révolutions violentes n’ont pas débouché sur des transitions pacifiques mais sur des périodes parfois longues de sanglant chaos.

Les Occidentaux craignent cette possible peste. Ils courtisent l’opposition, tentent sans doute de la contrôler. Mais, comme le dit sur le site du Monde le politologue Ziyad Majed, « la Syrie aura, comme tous les pays qui sortent d’une dictature qui a pesé longtemps sur la société, besoin de beaucoup de temps pour s’en remettre et pour se reconstruire. Et c’est aux Syriens eux-mêmes, après, de décider de quel modèle politique ils ont besoin pour la reconstruction de leur Etat ».

La bonne nouvelle, c’est que les innombrables « comités de coordination » qui articulent la résistance font émerger une société civile solidaire peut-être promise à fleurir un jour sur cette terre de souffrances. A nous, les Occidentaux, d’aider ceux-là avec compassion et discernement.

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