Syrie : Évadés de leur asile, des handicapés sont la cible de snipers


11 janvier 2013 | Mise à jour 08h57

Le Point.fr – Publié le 10/01/2013 à 13:59

L’hôpital Ibn Khaldoun d’Alep a été partiellement détruit par les bombardements. Des patients, déficients mentaux, errent dans les rues.

Deux handicapés mentaux ont été tués par des snipers à Alep.
Deux handicapés mentaux ont été tués par des snipers à Alep. © Tauseef Mustafa / AFP

Échappés de leur asile gravement endommagé par les obus, des handicapés mentaux errent ces dernières semaines dans les rues d’Alep, la métropole du Nord syrien, à la merci des tireurs embusqués. Mercredi à l’aube, deux d’entre eux ont perdu la vie en s’aventurant à proximité d’une des nombreuses lignes de front qui morcellent la cité et qui ne sont reconnaissables que par quelques trous dans un immeuble d’où dépassent des fusils à lunette, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

Le bombardement et les combats le 23 décembre près de la base aérienne militaire Nayrab et de l’aéroport international d’Alep, ont gravement endommagé l’hôpital Ibn Khaldoun, situé dans l’est de la ville. Une vidéo postée sur Youtube par les militants le 25 décembre montre l’intérieur d’un hôpital où le soleil passe à travers les murs perforés et les fenêtres brisées, alors que les chaises sont renversées et les salles vides.

Les médecins ne veulent pas risquer leur vie

Un des médecins a indiqué que l’administration de l’établissement avait lancé un appel fin décembre pour que les familles viennent chercher les patients en raison de la dégradation de la situation sécuritaire. L’autre hôpital psychiatrique, Dar al-Ajaza, dans la vieille ville, est également la cible de bombardements et manque de nourriture depuis le début des combats en juillet, mais continue à fonctionner grâce au dévouement de plusieurs infirmiers et d’une position plus protégée.

Car pour atteindre l’hôpital Ibn Khaldoun, il faut emprunter, à ses risques et périls, la route de l’aéroport, théâtre de combats. Le médecin a d’ailleurs reconnu que ni lui ni ses collègues ne souhaitaient risquer leur vie et qu’aucun d’entre eux ne s’était rendu à son travail depuis plus d’une semaine, abandonnant à leur sort plus d’une centaine d’internés.

Aucune hygiène, pas de nourriture

Une vidéo, postée sur Youtube, le 1er janvier, montre un homme visitant l’hôpital et décrivant les conditions de vie. « Il n’y a aucune hygiène. Il n’y a pas de nourriture, ni d’eau. Nous allons leur apporter ce dont ils sont besoin », affirme le visiteur qui ferme à clé la porte avant de partir. Des dizaines de patients crient à l’entrée. « Nous avons été bombardés, nous n’avons rien, pas de nourriture, pas d’électricité », affirme l’un d’eux.

Le même visiteur apparaît sur une autre vidéo mardi qui a pour titre « Les raisons qui ont poussé à transférer les patients de l’hôpital Ibn Khaldoun ». « En raison des bombardements contre l’hôpital, un grand nombre de membres du personnel et des patients ont fui. Nous avons conduit ceux qui étaient restés vers un endroit sécurisé où nous allons leur donner ce dont ils ont besoin », affirme l’homme qui se présente comme membre d’une association de bienfaisance.

« Nous les ramenons quand nous les trouvons » (habitant)

Le médecin a confirmé que les patients ont été transférés au siège d’une association bénévole dans le nord-est de la ville dans le quartier de Hanano, mais a prévenu qu’ils étaient toujours en danger. « Cette organisation caritative n’est pas faite pour recevoir des handicapés mentaux et ne peut ni les soigner, ni les surveiller. Il y a de nouveaux cas de fuite de patients », a-t-il dit.

À Masaken Hanano, les résidents affirment que les patients se sont échappés du bâtiment cette semaine et traînent dans les rues. « Nous les ramenons quand nous les trouvons », confie Abdel Hamid, un plombier du quartier. Mais c’est tout ce que les habitants, vivant dans l’insécurité et souffrant de pénuries d’électricité et de pain, peuvent faire.

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