«Rachel-Corrie», le cargo irlandais qui défie à son tour Israël


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PROCHE-ORIENT | A Dublin, le premier ministre Brian Cowen exige que le navire puisse décharger lundi sa cargaison humanitaire à Gaza. Il met en garde l’Etat hébreu contre toute atteinte à ses ressortissants. Parallèlement, de nouvelles flottilles s’organisent.

© AP | Le bâtiment qui vogue vers Gaza, a été baptisé «Rachel-Corrie», du nom d’une jeune activiste américaine morte il y a sept ans sur les territoires occupés, écrasée par un bulldozer militaire israélien.

Andrés Allemand | 03.06.2010 | 00:02

Rien ne les arrête. Ni le raid israélien qui a ensanglanté lundi le navire turc Mavi Marmara. Ni les nouvelles menaces proférées contre toute tentative de forcer le blocus de Gaza. A bord du cargo irlandais Rachel-Corrie, les passagers ont décidé de poursuivre leur périple à destination de Gaza. Objectif: briser le blocus et décharger 1200 tonnes d’aide humanitaire, dont du matériel médical, des chaises roulantes, des fournitures scolaires et du ciment, dont Israël interdit la livraison.

En guise d’assurance-vie, la quinzaine de volontaires irlandais et malaisiens comptent parmi eux deux personnalités de renom: Maired Corrigan-Maguire, lauréate du Prix Nobel de la paix, et Denis Halliday, ancien secrétaire général adjoint de l’ONU. Mieux, ils sont soutenus par le premier ministre irlandais Brian Cowen, qui a mis en garde hier l’Etat hébreu: «S’il arrive malheur à nos ressortissants, cela entraînera les conséquences les plus graves.» Dublin exige que le cargo soit autorisé à «terminer son voyage sans entrave et à décharger sa cargaison humanitaire à Gaza».

Pas sûr que cela impressionne l’armée israélienne. Les militants propalestiniens sont inquiets. Ce n’est sans doute pas pour rien que le Rachel-Corrie porte le nom d’une jeune activiste étasunienne morte il y a sept ans à Gaza, écrasée par un bulldozer militaire israélien.

Le cargo devait en principe faire partie de la «flottille de la liberté» prise d’assaut lundi par les commandos d’élite. Mais il est plus lent que les six autres bateaux et a été retardé par des «problèmes logistiques».

«L’armée israélienne l’a tout simplement saboté», traduit Mary Hughes, porte-parole du Mouvement Free Gaza, depuis les bureaux de Chypre. «Il a été réparé, mais il n’arrivera probablement pas avant lundi à Gaza. Nous allons faire monter à bord des médias, pour qu’ils puissent filmer en cas d’attaque.»

Sur le Rachel-Corrie, l’activiste Derek Graham prépare ses coéquipiers. C’est la septième fois qu’il fait le voyage et il a déjà été arrêté par les forces israéliennes. «Nous serons en contact radio avec la marine. Je leur dirai qu’en cas d’assaut, tous les passagers seront assis avec les mains sur la tête. Nous n’offrirons aucune résistance», a-t-il assuré à El Pais.

Une nouvelle flottille

Mais même si les Israéliens capturent le cargo irlandais, d’autres navires viendront bientôt les défier à nouveau. «Le téléphone n’arrête pas de sonner! Tout le monde veut affréter un bateau pour tenter de forcer le blocus de Gaza», assure Mary Hughes. «Nous sommes en train de mettre sur pied une autre flottille. Cette histoire ne s’arrêtera pas là.»

«L’armée israélienne peut bien montrer des vidéos, elle ne peut pas nier qu’un assaut a été donné dans les eaux internationales, hors de son territoire», martèle la porte-parole. «Des témoins affirment que des coups de feu ont été tirés avant que les soldats ne posent le pied sur le pont. Des passagers ont vu des blessés. Je peux imaginer que des volontaires, craignant pour leur vie, aient pu attaquer le commando avec ce qu’ils avaient sous la main. J’aimerais croire que je serais restée non-violente. Mais n’inversons pas les rôles: ce n’était pas eux, les agresseurs!»

Les faits du jour

Enquête internationale
Hier à Genève, le Conseil des droits de l’homme a adopté par 32 voix sur 47 une résolution approuvant la mise en place d’une «mission d’enquête internationale». Trois pays se sont prononcés contre, dont les Etats-Unis. L’Union européenne a, quant à elle, voté en ordre dispersé, la France et le Royaume-Uni ayant choisi de s’abstenir.

Militants expulsés

Critiqué de toutes parts, Israël expulsait hier des centaines de militants étrangers propalestiniens après la décision du premier ministre Benjamin Netanyahou de faire partir tous ceux arrêtés lors du raid meurtrier contre la flottille humanitaire pour Gaza.

Blessés transportés

Un premier avion transportant deux militants turcs blessés lundi dans le raid militaire israélien a quitté hier soir Israël, et d’autres avions devaient incessamment faire de même.

Israël défend le blocus

De son côté, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a défendu le maintien du blocus maritime autour de la bande de Gaza afin «d’éviter que Gaza devienne un port iranien menaçant la Méditerranée».

A. J. / AFP

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