Un poème de circonstance


Il s’agit des enfants lanceurs de pierres de Gaza, mais la Palestine est une.

Ô, Elèves de Gaza,

Enseignez-nous

Un peu de ce que vous savez,

Car, nous, nous avons oublié…

Apprenez-nous

À être des hommes,

Car, chez nous, les hommes

Sont devenus de la guimauve !

Enseignez-nous

Comment la pierre devient,

Entre les mains des enfants,

Un diamant précieux !

Comment la bicyclette du petit dernier

Devient une mine

Et comment le ruban de soie de la petite sœur

Devient une embuscade…

Comment la totoche du dernier-né,

S’ils la mettent en état d’arrestation,

Devient un couteau…

Ô, Elèves de Gaza,

Ne vous préoccupez pas de nos radios,

Ne nous écoutez pas !

Frappez ! Frappez !

De toutes vos forces !

Rassemblez votre courage,

Et ne vous préoccupez surtout pas de nous…

Nous ? Nous, nous sommes gens de calculs

De multiplications

Et de soustractions…

Alors : menez vos combats,

Et oubliez-nous !…

Nous, nous sommes les planqués

Du service militaire ;

Alors, apportez vos cordes…

Et pendez-nous !!

Nous sommes des morts

Qui ne possédons nulle sépulture,

Des orphelins

Sans yeux.

Nous sommes restés terrés dans nos tanières,

Et nous vous avons demandé

De combattre le dragon pour nous…

Devant vous, nous avons rajeuni

De mille siècles,

Et vous, vous avez grandi,

En un mois, de plusieurs siècles !

Elèves de Gaza,

Détournez-vous

De nos écrits ; ne nous lisez surtout pas !

Nous sommes vos pères :

Ne nous ressemblez pas !

Nous sommes vos idoles :

Ne nous adorez pas !!

Nous nous shootons

Au qât politique

Et à la répression.

Nous construisons uniquement des cimetières

Et des prisons.

Libérez-nous

De ce complexe de la peur qui est en nous

Et chassez de nos cerveaux

Les fumées de l’opium !…

Apprenez-nous

L’art de nous accrocher à notre Terre,

Ne laissez pas

Le Christ à sa tristesse.

Nos chers petits amours,

Que la paix soit sur vous !

Que Dieu fasse de votre journée

Du jasmin !

Des crevasses de la Terre dévastée,

Vous avez émergé,

Et vous avez semé dans nos blessures

Des anémones.

C’est la Révolution des Cahiers,

Et de l’Encre,

Alors, soyez, sur les lèvres,

Des hymnes joyeux,

Et inondez-nous

D’héroïsme et de magnificence !

Ce siècle juif n’est qu’illusion

Il ne pourra que s’effondrer, dès lors que nous aurons recouvré notre conscience !

Et vous, les Fous de Gaza,

Mille Bienvenue

À vous, les Fous,

Si c’est vous qui allez nous libérer !

L’ère de la raison politique

Est finie depuis longtemps

Enseignez-nous la folie !

Trad. Marcel Charbonnier
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