L’armée israélienne préparait intensivement l’offensive sur la bande de Gaza depuis 2009


DUMONT,SERGE

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Samedi 17 novembre 2012

TEL-AVIV

DE NOTRE CORRESPONDANT

Dix-neuf mille réservistes israéliens ont commencé à rejoindre leurs unités ce vendredi en vue d’une opération terrestre dans la bande de Gaza. Onze mille autres pourraient recevoir leur « Tzav 8 » (ordre de marche) dans les prochains jours. Tout dépendra de la situation sur le terrain. Dans la nuit de jeudi à vendredi, le Premier ministre Binyamin Netanyahou et son ministre de la Défense Ehoud Barak ont convoqué le chef de l’état-major de Tsahal (l’armée), du Shabak (la Sûreté générale) et de l’Aman (les Renseignements militaires) pour une évaluation. Ceux-ci estiment que la première phase de l’opération « Pilier de défense » (la « liquidation » du chef de la branche armée du Hamas Ahmad Jaabari suivie de la destruction d’une grande partie des sites de lancement des roquettes de longue portée Farj) est achevée.

Quant à la deuxième phase (la « liquidation » d’une série de cadres miliaires du Hamas et du Djihad islamique), elle est en cours et son résultat décidera de l’invasion ou non de la bande de Gaza. En attendant, l’état-major se comporte comme si l’opération devait avoir lieu mais ses préparatifs ne datent pas de ses deux derniers jours.

Tout a commencé peu après la fin de l’opération « Plomb durci », l’occupation de l’enclave palestinienne en janvier 2009 au cours de laquelle 1.400 Palestiniens avaient été tués. Pour les analystes militaires israéliens, il semblait alors évident que la houdna (trêve) ne durerait pas et qu’il faudrait repasser un jour à l’action.

Le commandement de la force terrestre a alors élaboré une nouvelle doctrine visant à préparer une nouvelle opération en évitant les erreurs commises en 2009. Ce manuel confidentiel comprend une série de directives fort détaillées en matière de combat en milieu urbain et de techniques d’engagement. En outre, il traite du comportement des soldats à l’égard de la population.

Jusqu’en 2009, les unités spéciales de l’armée disposaient de dix-sept bases d’entraînement parmi lesquelles Tzei’ilim, la plus étendue située au milieu du désert du Néguev. Mais à partir de 2010, une dizaine de nouvelles facilités ont été construites par le corps d’ingénierie de combat. Certaines de bases ont été dotées d’un faux village palestinien et dans l’une d’entre elles, un quartier de la banlieue de Gaza a été reconstitué à l’identique.

A l’époque, le rapport de la commission Goldstone sur les crimes de guerre perpétrés durant la guerre de Gaza mobilisait l’attention de la communauté internationale et personne ne se risquait à envisager une nouvelle invasion de l’enclave palestinienne. Pourtant, vers mai-juin 2010, les commandos de l’armée ont mené leurs premiers entraînements dans la fausse banlieue de Gaza.

Les exercices comprenaient les techniques d’intrusion dans des maisons ou des hommes armés tiennent des civils en otage, le déminage de bâtiments ou de corps piégés, ainsi que les manières de ne pas être fait prisonnier. Il a d’ailleurs été conseillé aux soldats de se munir d’une grenade sur eux et de la dégoupiller s’ils sentaient qu’ils ne pourraient pas échapper à la capture. Ces exercices se sont répétés depuis deux ans. Avec des soldats en activité et des réservistes. Ils se sont affinés au fur et à mesure que l’Aman et le Shabak recueillaient des informations sur les organisations palestiniennes. Sur leurs filières d’approvisionnement en armes passant par le Soudan et, plus tard, sur les stocks pillés par des trafiquants dans les entrepôts de Mouammar Kadhafi.

Dans le même temps, l’Aman et le Shabak ont focalisé leurs efforts sur la branche armée du Hamas, surtout sur son chef, Ahmad Jaabari, qui semblait faire preuve de capacités exceptionnelles de commandement. Avant d’autoriser sa « liquidation » le 14 novembre, les responsables israéliens ont eu trois autres occasions de le faire mais ils y ont renoncé. Parce que le Hamas détenait alors le caporal Gilad Shalit et que ce dernier aurait sans doute été abattu en représailles, et parce que l’armée n’était pas encore prête à envahir Gaza.

Il y a environ deux mois, grâce à des renseignements très précis, une nouvelle opportunité d’en finir avec Jaabari s’est présentée à Israël, mais Netanyahou et Barak ont de nouveau reporté la décision en raison de la campagne électorale américaine. Ils se sont dit que la prochaine fois serait la bonne et ils ont tenu parole.

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