« Le Soir » du vendredi 15 mars 2013
Comment faut-il nommer les choses en Syrie? Deux ans de carnages. De massacres. De bains de sang. De lâcheté internationale, aussi. Il y a des anniversaires dont on ferait bien l’économie. Ce vendredi, il y a deux ans que la descente aux enfers a débuté en Syrie. Dont coût: 70.000 morts dont des milliers d’enfants, deux millions de réfugiés internes, un million de réfugiés exilés. Et d’indicibles souffrances dont on parle de moins en moins…
Nous plaidons depuis longtemps pour que les rebelles soient aidés, militairement. Il y a eu certes des exactions de leur part. Mais que dire des méthodes utilisées par le régime de Bachar el-Assad? Qui n’a vu les images des villes martyres? Homs, Alep, Deir Ezzor, et toutes les autres, moins connues. Des bombardements massifs. Sauvages, meurtriers.
Et ces exécutions. The Guardian a publié le 11 mars un reportage à Alep qui ne laisse aucun doute sur l’identité des bourreaux – à savoir les sbires du régime – de plus d’une centaine de jeunes hommes dont les corps, mains liées derrière le dos et balles dans la tête, avaient été charriés par un cours d’eau depuis la partie de la ville détenue par l’armée jusqu’à celle tenue par les rebelles. Ce n’est qu’un exemple, atroce.
Alors nos lâchetés. La peur qui tétanise: si on approvisionne les rebelles en armes, elles pourraient tomber « dans les mauvaises mains », celles des extrémistes jihadistes. Mais nos atermoiements ont fait le lit de ces jihadistes étrangers, ils seraient autour des 2.500 hommes, prêts à mourir pour leur Dieu, disciplinés et efficaces.
En face, les Russes et les Iraniens n’ont pas d’états d’âme, qui livrent inexorablement de quoi alimenter la machine de mort étatique. Le régime d’Assad, dès lors, fort de sa supériorité militaire et de son impunité, poursuit sa folle fuite en avant sanguinaire.
Comme l’observait le journal Le Monde le 28 février, il faut changer le rapport des forces sur le terrain, sauf à assumer la destruction d’un pays et d’un peuple. Les toutes récentes sorties du Britannique Cameron et du Français Fabius pour une aide militaire aux rebelles vont dans le bon sens.
Ce vendredi, une myriade d’ONG de défense des droits humains organise « une vague blanche pour la Syrie », demandant aux volontaires de se présenter à 19 heures avec une étoffe ou un papier blanc avec le mot « Stop ». A Bruxelles, ce sera à la gare Centrale. Puisse cette protestation ne pas rester sans écho.
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