JUREK KUCZKIEWICZ

Cette caricature illustrait l’article ci-dessous dans la version papier du journal. Introuvable aussi dans la collection Kroll du journal. Il faut sans doute attendre un peu.
mardi 02 juin 2009, 07:02
Ce qui est en train de se jouer sur la ligne Washington-Jérusalem est l’un des tournants majeurs de la politique étrangère américaine. En ayant poussé le gouvernement Netanyahou à indiquer publiquement qu’Israël n’interrompra pas la colonisation de la Cisjordanie, la diplomatie américaine a réussi à clarifier les choses comme elles ne l’ont plus été depuis longtemps : à l’allié américain qui exige une mesure indispensable à une négociation de paix, le Premier ministre israélien Netanyahou a clairement donné sa réponse négative. (On regrettera au passage que l’Union européenne n’a jamais été capable du courage et de la rigueur dialectique dont fait preuve la nouvelle administration américaine sur ce dossier.)
Benjamin Netanyahou ouvre donc la crise la plus importante que son pays ait connue depuis 20 ans avec son premier allié et unique protecteur – la précédente remontait à la présidence de Bush père. M. Netanyahou, qui semble agir comme si Israël n’avait besoin de personne – et surtout pas de voisins avec lesquels il vivrait en harmonie – est peut-être en train de rendre le plus grand service à la cause de la paix. Et le plus paradoxal.
Car en poussant son pays dans le radicalisme, le refus de la moindre avancée vers une négociation de paix sérieuse, et dans l’opposition à son parrain américain, le Premier ministre israélien est en train de réussir ce que personne n’avait si bien réussi avant lui : pousser son pays dans l’isolement international le plus total.
Depuis longtemps, tout pousse à penser qu’Israël doit aller jusqu’au bout de sa logique de confrontation tous azimuts, contre les alliés compris, et de négation du peuple palestinien, avant de pouvoir faire le constat que c’est là une voie sans issue. Si les mises en garde d’amis les plus sincères d’Israël – et Barack Obama s’en est entouré à la Maison-Blanche – n’ont pu produire d’effet, c’est qu’aucun discours ne peut plus en produire…
En priant les cieux que d’autres drames sanglants ne viennent alourdir encore le coût de ce conflit, il ne reste hélas qu’à attendre l’aller-retour absurde d’Israël dans ce cul-de-sac. Un détour terrible sur la voie de la paix.
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