« Capitalism: A Love Story » : le constat désabusé de Michael Moore, enfant trahi d’une société prospère
Il faut prendre le titre du nouveau film de Michael Moore au pied de la lettre, en se souvenant des vers immortels de Fred Chichin et Catherine Ringer (les Rita Mitsouko) « les histoires d’amour finissent mal/en général ». Michael Moore s’est toujours mis en scène. Il y a vingt ans, on pouvait croire que le « moi » du film Roger et moi était là pour rendre service, pour guider le spectateur dans les méandres de la désindustrialisation. En fait, Michael Moore est de l’espèce des clowns qui se mettent en scène. Avec son sous-titre explicite This Time, It’s Personal (« cette fois-ci, c’est personnel »), Capitalism: A Love Story assume cette dimension égocentrique.
Voici donc l’autoportrait d’un enfant d’ouvrier américain, qui a grandi dans un monde où l’on changeait de voiture tous les ans, où l’on partait en vacances à New York, où, chaque année, papa gagnait un peu plus. Une belle séquence (car il s’en trouve dans ce collage) montre justement le père de Michael Moore devant un immense terrain vague où se tenait, il y a encore quelques années – au siècle dernier, dans un autre âge -, l’usine automobile pour laquelle il travaillait.