Les nouveaux visages de l’opposition


LOOS,BAUDOUIN

Mardi 13 novembre 2012

SYRIE Les tractations ont pris trois mois, mais la coalition contre le régime est bel et bien née

Les nouveaux visages de l’oppositionSouhair al-Atassi, Ahmad Moaz Al-Khatib et Riad Seif : les trois nouveaux chefs de l’opposition syrienne exilés depuis peu. © KARIM JAAFAR/AFP.

ANALYSE

La naissance, dimanche à Doha, de « la coalition des forces révolutionnaires et de l’opposition syrienne » – on dira la coalition de l’opposition – bouleverse-t-elle la donne en Syrie ? Un ponte de l’analyse géopolitique arabe, Salman Shaikh, le directeur du Brooking Doha Center, résumait la pensée de beaucoup dimanche soir au Qatar : « L’unification de l’opposition est certainement un pas important ; si cette nouvelle coalition prouve sa crédibilité, cela va raccourcir les jours du régime ».

Les factions composites de l’opposition vivaient ces derniers mois sous l’intense pression de l’Occident et singulièrement des États-Unis pour mettre fin à leurs querelles et unir leurs forces. Mais la principale formation d’opposants, le Conseil national syrien (CNS), où les Frères musulmans occupent une place prépondérante, renâclait à s’élargir. « Au sein du CNS, il y avait deux camps, explique Bassma Kodmani, qui a quitté le conseil le 28 août car elle estimait qu’il avait perdu sa crédibilité, ceux qui souhaitaient l’intégration dans la nouvelle coalition l’ont emporté ; c’est une victoire pas tant pour les États-Unis que pour les Syriens eux-mêmes ».

Si la nouvelle structure de l’opposition réunit 63 membres de tous les bords, de toutes les religions et de toutes les régions de Syrie, trois figures, désignées respectivement chef et adjoints sortent des rangs : Moaz al-Khatib, ex-imam politiquement indépendant, chantre de la modération, dispose d’une assise populaire, alors que Riad Seif, homme d’affaires déchu, ex-député traîné par le régime en prison, et Souheir al-Atassi, cofondatrice d’un réseau d’alerte locale de militants, avaient été actifs dès le début des années 2000 dans l’épisode du « printemps de Damas », quand les Syriens croyaient encore que Bachar el-Assad, en succédant à son père, allait procéder à une réelle ouverture politique.

Tous trois damascènes et sunnites, Khatib, Seif et Atassi ont récemment quitté la Syrie, où leur vie était en danger. « C’est la direction la plus représentative de l’opposition syrienne, commente pour nous Caroline Donati, journaliste à Mediapart et auteur du livre L’Exception syrienne : les têtes sont tous des opposants de l’intérieur, qui ont une légitimité réelle en Syrie. Sa représentativité est indiscutable. Mais son avenir dépendra de la reconnaissance de la communauté internationale. Et des ressources financières qu’elle obtiendra. »

La nouvelle coalition de l’opposition a pour objectif officiel de renverser le régime et a promis de n’engager ni dialogue ni négociations avec le régime. Washington, Paris et Londres se sont rapidement félicités de cette naissance. La collaboration va-t-elle rapidement se créer ? « Les tractations pour la constitution de cette coalition auxquelles j’ai pris une part active ces trois derniers mois nous donnent enfin des raisons d’espérer, confie encore Bassma Kadmani. Il nous faut maintenant obtenir une reconnaissance internationale qui évince celle dont jouit encore le régime alors qu’il ne représente plus le peuple syrien. Nos consultations ont impliqué les groupes et comités locaux sur le terrain dans les quatorze gouvernorats (provinces), ainsi que l’Armée syrienne libre. Désormais, la première mesure va consister à créer un fonds national du peuple syrien afin de contribuer à l’aide humanitaire puis il faudra composer un conseil militaire qui aura pour mission d’unifier les sources de financement, un instrument pour l’unification des rangs et pour éviter le factionnalisme. »

Dans sa toute première déclaration, cheikh Khatib, le nouveau chef de l’opposition unifiée, a appelé la communauté internationale à « honorer ses engagements ». Le chrétien Georges Sabra, promu chef du CNS, complétait : « Nous n’avons pas seulement besoin d’argent, nous avons besoin d’armes pour nous défendre.

source : Le Soir

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