Baudouin Loos
On saluera d’emblée le cessez-le-feu survenu hier soir au Proche-Orient. Puisse-t-il perdurer. La journée avait pourtant bien mal commencé. L’attentat à la bombe qui a fait de nombreux blessés dans un bus à Tel-Aviv – une méthode inacceptable – confortait une posture que les autorités israéliennes s’efforcent d’adopter au nom d’Israël avec succès au niveau des gouvernements occidentaux : celle de victime du terrorisme palestinien. Israël est la victime.
L’argument que les diplomates israéliens sont chargés de faire valoir tient en une question de logique : quel pays accepterait d’être la cible de roquettes de son voisin ? La Belgique laisserait-elle les Hollandais tirer des roquettes vers ses civils sans réagir ? Les diplomaties des pays occidentaux qui se sont empressées de proclamer le droit à Israël de se défendre ont perdu une nouvelle occasion de réfléchir à la question en profondeur.
Car tout se passerait alors comme si la violence palestinienne résultait d’un jusqu’au-boutisme borné de Palestiniens qui n’accepteront jamais l’existence d’Israël. Et d’ailleurs, rappelle-t-on en Israël, Gaza a été évacuée de ses soldats et colons israéliens en 2005, tandis que les Palestiniens répondent depuis lors avec des roquettes.
Ce discours israélien ne correspond pas à la réalité. La réalité est celle d’une bande de Gaza sous blocus, où 80 % de la population, ce 1,5 million de gens dont trois quarts de réfugiés, dépendent de l’aide alimentaire. Même la pusillanime Union européenne demande depuis des années à Israël de cesser son siège.
Que vaut la vie d’un Palestinien ? Combien sont morts depuis moins d’une semaine ? Toute forme de résistance qui s’en prend aux civils de l’autre camp constitue un crime de guerre, y compris par l’usage de roquettes. Mais les bombes israéliennes, bien plus meurtrières, comment faut-il alors les qualifier ?
L’errance des Palestiniens ressemble à une dépossession sans fin. Ils ont dû partir et tout perdre en 1948, puis en 1967. Mais cela continue. Les colonies israéliennes croissent encore dans les territoires occupés en 2012, année qui a déjà vu 180 maisons palestiniennes abattues.
Les choses ne sont pas si simples, bien sûr. On a parlé de certaines méthodes palestiniennes repoussantes et les exécutions sommaires de « collaborateurs » à Gaza en font partie. Mais les toutes-puissantes autorités israéliennes n’offrent aucun espoir aux Palestiniens, que le droit international soutient pourtant. La communauté internationale devrait s’en souvenir.
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