La liberté de la presse menacée


DUMONT,SERGE

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Mardi 22 novembre 2011

Israël Le gouvernement veut étendre considérablement la notion de « diffamation »

TEL-AVIV

DE NOTRE CORRESPONDANT

Après les ONG de défense des droits de l’homme la semaine dernière, c’est à la liberté de presse que la majorité de droite et extrême droite soutenant Binyamin Netanyahou a décidé de s’attaquer. En effet, dans la nuit de lundi à mardi, la Knesset a approuvé en première lecture un texte modifiant la législation actuelle sur la diffamation publique et multipliant par six le montant des dommages et intérêts qu’un journaliste ou son employeur devraient verser à une personne préjudiciée en cas de condamnation. En outre, cet amendement prévoit qu’un individu cité dans un journal ou dans un programme radio ou télévisé sans qu’un préjudice lui soit causé peut également réclamer jusqu’à dix mille euros de compensation.

« Si cette législation est appliquée, plus aucun journaliste ne prendra de risque d’enquêter sur quoi que ce soit. Les affaires de corruption impliquant des personnalités publiques resteront enterrées », affirme explique Ilana Dayan, une journaliste d’investigation de la deuxième chaîne de télévision.

La veille du vote à la Knesset, une centaine de grands noms de la presse israélienne ont organisé à Tel-Aviv des « états généraux d’urgence », un événement inédit depuis la création de l’Etat hébreu. A les en croire, Binyamin Netanyahou ne serait pas crédible lorsqu’il s’engage, comme il l’a fait dimanche, à ce que son pays « reste une démocratie exemplaire ». Ils l’accusent entre autres de favoriser l’activisme d’un groupe de députés de droite et d’extrême droite qui tenterait de modifier la nature démocratique d’Israël.

Des extrémistes influents…

Principalement composé d’élus du Likoud (le parti de Netanyahou) et d’Israël notre maison (la formation du ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman), ce groupe est à l’origine d’une série d’initiatives visant à instaurer un serment de fidélité à l’Etat pour les nouveaux Israéliens (y compris les Arabes), à empêcher la commémoration de la « Nakba » (la « catastrophe » que représente la création de l’Etat d’Israël en 1948 pour les Palestiniens), ou à légaliser a posteriori la « confiscation » de terrains palestiniens par des colons.

Certes, au sein du Likoud, certains tels le président de la Knesset Ruby Rivlin et le ministre Dan Meridor s’opposent à ces extrémistes. Mais ces derniers sont influents. Alliés aux partis ultra-orthodoxes, ils mènent également une offensive contre la Cour suprême, qui constitue le garant des libertés publiques en l’absence d’une constitution écrite. A leurs yeux, ses douze magistrats sont en effet des « gauchistes ». Ils manœuvrent donc pour réduire leurs compétences et pour les remplacer progressivement par d’autres juges plus proches des idéaux du « Grand Israël ».

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